SÉANCE AU SÉNAT FRANÇAIS
OFFICE PARLEMENTAIRE D'EVALUATION DES CHOIX
SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
ACTES DU
COLLOQUE DU JEUDI 27 JANVIER 2000
sur
L'avenir de la
recherche industrielle européenne: les perspectives des partenariats
publics-privés
organisé par
M. Pierre Laffitte, sénateur des
Alpes-Maritimes
sous le haut patronage de
M. Christian Poncelet,
président du Sénat
en présence de
M. Alejo Vidal-Quadras Roca,
vice-président du Parlement européen
___
Première table ronde
L'EFFORT COMMUNAUTAIRE ET
L'AVENIR DE LA RECHERCHE INDUSTRIELLE EUROPÉENNE
1. Quelle
intégration de la recherche industrielle à l'espace économique européen ?
2. Quelle plus-value communautaire pour la recherche industrielle ?
PARTICIPANTS
Parlementaires
M. Alejo
Vidal-Quadras Roca, vice-président du Parlement européen
Représentants des États membres
M. Reinhard Junker,
Leiter der Abteilung " Europäische Zusammenarbeit " (BMBF)
M. Luis Magalhaes, président de la Fondation de la Science
et de la Technologie (Ministério da Ciência e da Tecnologia)
Représentants
de l'Union européenne
M. Jean-Jacques Mertens,
conseiller, département de l'Industrie, Banque européenne d'investissement
M. Michel Richonnier, directeur, direction générale de la
Société de l'Information
M. Hendrik Tent, directeur général
adjoint, direction générale de la Recherche
Autres intervenants
M. Pascal Brandys, président-directeur général, GENSET
M. Gérard Giraudon, directeur du Développement et des
Relations industrielles, Institut national de la recherche en Informatique et en
Automatique (INRIA)
M. Gilbert Nicolaon, coordinateur
national Eurêka France
M. Wolfgang H.
Steinicke, Geschäftsführer des Forschungsverkehrs-systemtechnik Berlin
(La séance est ouverte à 9 heures 35, sous la présidence de
M. Pierre Laffitte, sénateur.)
[...]
M. le
PRESIDENT.- [...] Je vais donner la parole à M. Luis Magalhaes, qui est à
la fois Président de la Fondation de la Science et de la Technologie et
représentant du Président en exercice de la Communauté.
M. Luis
MAGALHAES, président de la Fondation de la Science et de la Technologie
(Ministério da Ciência e da Tecnologia).- Monsieur le Sénateur, je vous
remercie.
Je vous prie de m'excuser de m'adresser à vous en anglais,
mais ce sera mieux pour ma communication...
Je voudrais saluer et
adresser mes compliments aux Sénateurs, aux membres de ce Parlement.
Mesdames et Messieurs, je vous adresse les salutations du ministre
portugais des Sciences et Technologies qui ne peut être là aujourd'hui pour des
raisons d'État bien sûr.
De mon point de vue, le plus utile aujourd'hui
serait de considérer les orientations générales et les initiatives prises par le
Portugal.
Pour ce qui concerne la recherche, nous croyons fermement que
l'Europe exige une nouvelle vision et une stratégie à long terme.
Le
sujet que nous considérons aujourd'hui, tout en conservant les traditions, les
valeurs traditionnelles, doit se développer sur une civilisation basée sur des
perspectives, des avancées de la connaissance, la diversité culturelle et la
cohésion culturelle et jouer un rôle actif dans la promotion et l'encouragement
d'un développement pacifique et harmonieux.
Un nouvel objectif
stratégique exige une nouvelle définition pour les dix années à venir pour que
l'Union soit la zone économique la plus dynamique du monde, basée sur nos
connaissances.
Il faut développer la croissance, avec plus de travail,
plus d'emplois et un meilleur environnement.
La stratégie sociale et
économique de l'Union européenne, de notre point de vue, ne doit pas être
exclusivement orientée vers une réaction aux problèmes qui se posent. Cela doit
être une réponse créatrice, ce qui veut dire redéfinir le rôle de l'Europe dans
l'économie, développer une plate-forme plus compétitive, ouvrir le chemin pour
des emplois plus créatifs et nouveaux afin d'organiser une vie sociale plus
harmonieuse, un nouveau paradigme émergeant qui implique la révolution technique
actuelle, la révolution sociale et le développement des connaissances qui
affecte actuellement toutes les institutions, qui affecte également le monde des
affaires, les services publics, la presse et les médias.
Une société
basée sur la science et sur l'économie se développe. Ce sont les sources
essentielles de générations et de richesses tant humaines qu'économiques. C'est
une excellente opportunité pour développer des emplois, mais aussi pour prendre
de nouveaux risques d'exclusion sociale.
Malgré un certain nombre de
réussites, l'Europe est en retard dans le domaine de la recherche. Ce retard est
évident dans la dissémination des informations technologiques, mais aussi dans
l'adaptation des institutions sociales.
En relation avec le nouveau
potentiel ouvert par ce genre de technologies, bien que l'on essaye de s'adapter
au paradigme actuel, les risques d'exclusion sont de plus en plus grands.
Nous devons accélérer le mouvement de développement technologique, mais
aussi engendrer des réformes institutionnelles importantes.
Nous devons
également créer des pratiques plus efficaces.
Les questions politiques
doivent également être soulevées en la matière.
Nous croyons que le
Conseil européen a une excellente occasion de créer des conditions formidables
pour simplifier et éclaircir les processus actuels et pour améliorer la
coordination dans les domaines clés tels que la préparation d'une économie basée
sur l'éducation, la modernisation de la protection sociale, le développement de
la coordination pour quantifier et contrôler les instruments technologiques.
L'Europe doit trouver sa propre façon de développer une économie basée
sur l'éducation, développer les services publics européens, la promotion du
dialogue avec les différents intervenants et les partenaires sociaux.
Un
forum se tiendra en juin, qui réunira des représentants du Gouvernement, de la
Commission européenne, du Parlement européen, des partenaires sociaux et les
Comités économiques et sociaux ; ce forum reflétera justement ces questions.
Confrontée à la révolution numérique, l'Europe, comme les États-Unis,
s'est d'abord focalisée sur les technologies de l'information puis sur les
autoroutes de l'information et enfin sur la société de l'information.
Aujourd'hui, il est clair que le problème n'est pas seulement un
problème d'information, c'est un problème de connaissance et d'innovation. Il ne
s'agit pas seulement de changement technologique, mais de changement économique
et social.
Il faudrait donc réunir tous ces concepts.
De plus,
le grand développement des aptitudes techniques doit être considéré comme un
facteur clé de la politique de développement en Europe et la consolidation des
aptitudes techniques et des technologies de l'information est un point central
du développement de l'emploi.
Pour déplacer ces objectifs, il faut
qu'une véritable révolution culturelle et sociale se tienne en Europe et tout
cela doit être soutenu par une politique ouverte du développement et de la
recherche.
Or, une société basée sur l'éducation ne peut pas être
dissociée d'une politique de la science et de la technologie, d'une politique
sur l'éducation et la formation et d'une politique dont l'objectif est de
soutenir l'innovation.
Les toutes récentes communications sur la
stratégie de communication devraient faire partie du plan d'action qui prévaut
en ce moment à la présidence de la Communauté européenne et qui sera engagé au
cours de la prochaine présidence.
Le Conseil européen définira le plan
d'action, les objectifs du plan d'action, les délais, afin de préparer les
indicateurs et les lignes directrices d'une société basée sur l'éducation et la
connaissance qui s'appliquera à partir de l'an 2001.
Il s'agira d'une
coopération ouverte entre les États membres ; cela aura lieu dans le nord du
Portugal au mois de juin.
La politique européenne sur l'éducation et la
formation devrait prendre plusieurs formes. L'objectif devrait être de créer une
zone européenne d'apprentissage, de connaissances et de créer des opportunités
pour tous sans apprentissage. La société devra créer de nouveaux ponts pour
éviter l'exclusion.
La politique de la science et des technologies
européenne a franchi plusieurs étapes en étant d'abord focalisée sur les
recherches de base puis vient de passer au niveau de l'entreprise.
Les
comparaisons entre l'Union européenne et les États-Unis ont montré des
déficiences tout à fait significatives : restriction sur les recherches,
réduction de la sensibilité du public vis-à-vis du marché, réduction de la
participation du secteur privé, fragilisation de l'interface entre la science et
la technologie au niveau de la demande et de l'offre et développement des
capacités pour développer une véritable politique de recherche et de technologie
au niveau européen.
L'Europe devrait faire de gros efforts pour être
vraiment dans le groupe de tête au niveau de la recherche et de la technologie,
pour une société basée sur l'économie et le développement social.
Sur la
base de la communication, le Conseil européen de Lisbonne devra définir les
objectifs à moyen terme pour une nouvelle initiative dans le domaine de la
science et de la technologie, tout en faisant également des explorations au
niveau national. Nous allons encourager les innovations techniques en ressources
humaines et mécanismes de transfert.
Nous voulons donc établir une
nouvelle frontière et développer les entreprises des entrepreneurs et pouvoir
augmenter la connaissance en ce qui concerne le développement des biens et des
services et s'assurer que cela correspond aux besoins. On peut créer beaucoup
d'emplois avec ce système.
Cette politique devrait mettre l'accent sur
les priorités suivantes : soutenir le développement des nouvelles technologies
et la création de services dédiés aux transferts de connaissances, développer
les réseaux d'innovation, encourager les partenariats et les relations
associatives au niveau local et international, organiser et développer de
nouveaux instruments de gestion des connaissances, développer des procédures de
certification liées au développement de la qualité totale et enfin, trouver des
instruments financiers adaptés, des programmes de formation adaptés et la
certification de procédures administratives permettant de moderniser le soutien
des activités de la Fonction publique.
Il est aussi important de voir
quels sont les besoins spécifiques en particulier ceux des PME-PMI au niveau
technologique et s'il est possible de développer des procédures pour leur donner
accès au marché des capitaux.
En ce qui concerne les start-up, les
sociétés qui démarrent, on doit les stimuler, leur permettre un accès au
capital, leur offrir un soutien logistique et technique et on doit simplifier
les procédures et les obligations. A ce moment-là, ces sociétés pourront se
confronter au développement des nouvelles technologies du commerce et des
nouveaux potentiels technologiques.
Cela permettra donc de développer la
création de micro entreprises, l'esprit d'entreprise.
Je crois que
l'initiative doit venir de la Charte européenne sur les micro entreprises.
J'espère que cela vous donne une bonne vision de nos intentions.
Je vous remercie de votre attention.
[...]